TRACKS
la culture comme résistance
série web dirigée par Daphné denis, produit par program33 pour ARTE, couleur, épisodes de 15′, 2024-2025
Clowns et crochets : la suspension, une acrobatie de cirque comme une autre ?
Réalisé par Camille Laurens
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
Des crochets enfoncés sous la peau et des corps maintenus en l’air : bienvenue dans l’Anarchy Circus Crew, une troupe dans laquelle Madame Loyale ou Pipo le Clown, jouent les marionnettes entre ciel et chair. Préférant les tours de force aux tours de magie, ces adeptes de la suspension réinventent les codes du cirque et se revendiquent des freak shows. Pour l’Anarchy Circus Crew cette pratique extrême est un acte joyeux, libérateur et festif. Confrontés à une souffrance physique brutale, les performeurs s’affranchissent de leurs traumatismes encouragés par des éclats de rire. Un spectacle hors-norme qui joue avec la limite entre peur et fascination. Cette famille singulière ouvre les portes de son chapiteau à Tracks.
Clowns et crochets : la suspension, une acrobatie de cirque comme une autre ?
Attention chantier : le béton s’arme pour la résistance
Réalisé par Pauline Coiffard
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
Du sable, du gravier, du ciment et de l’eau, voilà la recette du béton, celle de l’urbanisation rapide et peu chère qui a envahi notre quotidien. Répétée à outrance… Jusqu’à saturation ? Face à la catastrophe écologique et au monde lisse et aseptisé qu’il incarne, des artistes investissent ce matériau, roi du BTP, et lui donnent un nouveau sens. Chanter les louanges du béton sur des sons Bâti-Techno-Punks pour mieux le dénoncer, c’est le pari du groupe Dalle Béton qui tourne en dérision la start-up nation et transforme ses concerts en chantiers ouverts au public, en coulant une dalle en direct sur scène. L’artiste plasticien Nicolas Daubanes, lui, a choisi d’utiliser les méthodes des résistants de la Seconde Guerre Mondiale pour saboter le béton qu’il en modifiant l’alliage originel avec… du sucre.
Voilà pourquoi le rap napolitain explose en Italie
Réalisé par Hajar Ouahbi
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
Geolier, le rappeur au top des charts en Italie, chante dans une langue que beaucoup d’Italiens ne comprennent pas : le napolitain. Comme lui, Luchè ou Ntò cumulent des millions de streams et forment une scène rap singulière qui porte la fierté d’être du Sud de l’Italie comme étendard. Comment expliquer cet essor alors que le napolitain n’est pas reconnu comme langue officielle, et que la culture de Naples et ses alentours souffre encore et toujours d’une image négative associée au crime organisé ? Que dit le rap napolitain de cette région, et de ses artistes ? Peut-il réconcilier le Nord et le Sud de l’Italie ? Tracks retrace l’histoire de cette scène rap. Avec Gransta, témoin historique de l’arrivée du hip-hop en Italie devenu producteur et mentor pour la scène rap émergente de Naples. Mais aussi les rappeurs du collectif SLF, “Solo la Fam’”, engagés pour redonner la parole aux quartiers populaires et raconter leur ville au-delà des clichés. Et également Lina Simons, figure montante aux racines italo-nigériennes qui détonne avec ses textes puissants sur le racisme et l’appartenance aux racines italo-nigérianes.
Sans IA et sans électricité : la seule musique possible dans le futur ?
Réalisé par Hajar Ouahbi
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
Capsules de bières, paquet de chips ou tongs en plastique… Des artistes transforment nos déchets en instruments. Héritiers du mouvement lancé par Max Vandervorst dans les années 1980, ces « luthiers sauvages » créent de la musique à partir de ce qu’ils trouvent dans nos poubelles. Percussions afrofuturistes, techno low-tech, électro sans électricité, face à l’urgence écologique, leurs pratiques résonnent plus que jamais. Ces artistes, mi-inventeurs fous, mi-performeurs cyberpunk, débarquent tout droit d’un futur où le monde est saturé de déchets qui deviennent alors la seule ressource disponible pour faire de la musique. Bien loin des chansons générées par IA, comment les luthiers sauvages envisagent la musique du futur ? Tout droit venu du XXIIè siècle à travers une faille spatio-temporelle, Compost Collaps imagine la « tech-low » post-effondrement, qui survivra aux coupures de courant. Fulu Muziki, eux, mêlent rumba, funk ou soukous avec des percussions ou des instruments à corde entièrement construits à partir des déchets qui s’accumulent chez eux, en République Démocratique du Congo. Prophète d’une musique plus respectueuse de l’environnement, le rappeur Plastic Jesus enregistre les sons des poubelles et dédie des odes pétries de second degré à son matériau phare : le plastique.
Sans IA et sans électricité : la seule musique possible dans le futur ?
Entre transe et résistance : l’héritage musical du vaudou
Réalisé par Alix Edwiges
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
Zombies, poupées ensorcelées et magie noire… La pop culture occidentale n’a représenté le vodou qu’à travers des stéréotypes hérités de la colonisation. Loin de ces clichés, certains artistes cherchent aujourd’hui à transmettre aux non-initiés les valeurs et la force mystique de cette religion née en Afrique de l’Ouest à travers la musique et la performance.
« Tracks » a rencontré le musicien haïtien Claude Saturne, qui mêle les tambours vodou à des sonorités plus électroniques, puis la chanteuse et prêtresse vodou haïtienne Moonlight Benjamin qui invoque la transe à travers le chant qu’elle mêle au rock et au blues, et pour finir l’artiste performeureuse queer Jaj, originaire de la Martinique, qui réincarne les figures du vodou sur scène.
L’art de manifester
Réalisé par Pauline Coiffard
Directeur de la photographie Michele Gurrieri
« Tracks » descend dans les rues pour rencontrer des artistes et militants qui utilisent l’art comme outil d’activisme, et transforment la nouvelle direction artistique des manifs. “On met de la manif dans la teuf et de la teuf dans les manifs”. S’ambiancer alors qu’on proteste contre l’inaction climatique, c’est le pari que font de plus en plus “d’artivistes”, des militante-s qui mettent leur art au service d’une cause : notre planète. Ils conçoivent leurs performances pour s’intégrer aux mouvements sociaux, et luttent armés d’un archet de contrebasse, de platines ou de chorégraphies conçues pour donner forme à leur colère. Quand la créativité réinvente les codes de la manifestation, elle la rend plus visuelle, plus joyeuse, plus émouvante… mais aussi plus virale.
« Tracks » descend dans les rues pour rencontrer des artistes et militants qui utilisent l’art comme outil d’activisme, et transforment la nouvelle direction artistique des manifs. Le collectif artistique et festif Planète boum boum ramène ses DJ sets techno en manif et galvanise les foules sur des refrains aux airs de slogans. Lotta, contrebassiste, chanteuse et “climate artist” italienne emmène ses performances explosives en manif avec Extinction Rebellion. Le collectif Minuit 12 allie la danse à l’engagement pour la justice climatique et sociale à travers des chorégraphies protestataires.
Zoofuturisme : le futur de l’humain est-il animal ?
Réalisé par Célia Laborie
Directeur de la photographie Michele Gurrieri, Maëva Bérol
Chimères, sirènes et pieuvres humanoïdes, la perspective zoo-futuriste refuse l’hégémonie humaine sur le règne animal. Finie la hiérarchisation des espèces : descendu de son piédestal, l’humain se reconnecte à son environnement en fusionnant avec ce qui l’entoure, et s’adapte à un futur de plus en plus incertain. Tracks part à la rencontre d’artistes contemporaines qui voient dans l’animal le futur de l’humanité. L’artiste italienne Agnes Questionmark se mue en créatures marines dans des performances spectaculaires pour questionner la capacité de l’humain à évoluer. L’artiste lituanienne Emilija Škarnulytė, transformée en sirène ou en chimère reptile post-humaine, observe les cicatrices du passage de l’humain sur Terre et particulièrement l’exploitation de l’énergie nucléaire.